Restitution du projet Volière – conservatoires Mozart, Fauré, Ravel, Bizet, CRR de Paris – collèges – PSL – EIC

Images de la restitution du projet Volière à la Bibliothèque Nationale de France, grand auditorium, avec l’Ensemble Intercontemporain et les élèves des conservatoires parisiens.

Atelier des Feuillantines, Ensemble Intercontemporain, BnF – Gallica Studio, Conservatoire Mozart, CMA5, CMA13, CMA20, écoles élémentaires, l’université Paris Sciences et Lettres, le Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris, les conservatoires du Centre, du 5ème, du 13ème et du 20ème arrondissement, les collèges Janson de Sailly et Garcia Lorca, les écoles élémentaires parisiennes.

Le projet Volière s’est amorcé à la suite de la publication des carnets de voyage d’Olivier Messiaen sur le site Gallica de la BnF. Gallica Studio l’a soutenu et a fourni l’infrastructure nécessaire à sa réalisation. Il a permis d’élaborer de nouvelles formes de pédagogies, et a fait émerger des rapports à l’œuvre d’art d’un type nouveau. Programme et explications en base de page.

Crédit photographies : Franck Ferville et Ensemble Intercontemporain

PROGRAMME – EXPLICATIONS

Un carnet de voyage traditionnel contient généralement des écrits et des dessins. Ces dessins peuvent parfois mettre en évidence un aspect d’un paysage de manière plus précise qu’une photographie : le dessinateur va mentalement enlever des éléments inutiles à son regard, et éventuellement rajouter des lignes qui ne se trouvent pas dans l’image originale mais qui vont la rendre plus précise. C’est la raison pour laquelle beaucoup de livres de botanique par exemple vont représenter une feuille ou une plante non pas par une photo mais par un dessin, plus précis pour le naturaliste.

C’est ce que fait justement Messiaen en notant les chants d’oiseaux qu’il entend lors de ses promenades. En les notant, il va à sa manière dessiner des « lignes » qui vont les rendre plus précis. Les plus communes consistent à faire ressortir leur lien avec la rhétorique grecque : beaucoup de chants sont réduits à deux durées, la longue et la brève, faisant apparaître une suite de figures rythmiques comme des iambes, trochées, dactyles, anapestes… ou sur des périodes plus longues, des anaphores, épiphores…

Iambes

Rythme crétique

Anapestes

extraits d’une grive musicienne notée le 4 mars 1956 à La Varenne St Hilaire entre 17h et 18h. C’est l’un des oiseaux joués ce soir et utilisé dans une pièce électronique.

Ci-dessous, deux figures mélangées : 1) la même séquence est jouée en réordonnant les notes différemment, c’est la figure de permutation (« Marquise, vos beaux yeux… »). Mais la première inversion prend la forme d’une anaphore (« Moi président… »). Il s’agit d’un rouge-gorge :

Le travail des collèges (Janson de Sailly, Paris, et Garcia Lorca, Aubervilliers)

Les disciplines concernées ont été le Français : (professeures : Véronique Assouline (Janson de Sailly) et Mélanie Ory (Garcia Lorca)), les mathématiques (professeur : Zouhir El-Amri, Garcia Lorca)), et la Musique : (professeure : Véronique Jan-Laubraux (Janson de Sailly)).

Les élèves ont utilisé les figures de rhétorique repérées dans les chants d’oiseaux pour produire un texte basé sur le « Langage des Oiseaux » du poète Perse Attar.

En mathématiques, ils ont produit des volières à partir du chant d’un seul oiseaux auquels ils ont appliqué des procédés de composition de Messiaen (Permutation symétriques) afin d’obtenir un désordre naturel. Ce travail, consistant à appliquer des procédés d’écriture instrumentale à des sons concrêts, s’inscrit dans la mouvance émergente des SoundStudies.

Le travail instrumental des conservatoires avec l’Ensemble Intercontemporain

Professeurs : Franck Amet, Alexandre Chabod, Nora Cismondi, Mathieu Fevre, Patricia Kraeutler, Laurent Lefèvre, Vincent Lucas, Paul Meyer, Eric Porche, Manuela Schlotterer, Nathalie Rozat, Benoît Savin, Charlotte Scohy, Agnès Violet

Chaque élève a choisi un oiseau dans une base de données numérique constituée de partitions éditables des carnets de Messiaen, créée pour l’occasion. Ils les ont transposées pour leur instrument et les ont étudiées avec leur professeur. Un stage a alors été organisé au CRR de Paris avec les solistes de l’Ensemble Intercontemporain : Sophie Cherrier, Didier Pateau, Martin Adámek et Paul Riveaux afin de travailler des techniques de jeu adaptées. Ils se sont alors entraînés à improviser des bifurcations dans la partition de l’oiseau, par exemple en regroupant des motifs similaires.

Improvisations et créations avec les nouvelles technologies

Au CMA20, les élèves de la classe de trompette d’André Feydy ont fait un travail d’improvisation avec le logiciel OMax de l’IRCAM, et les élèves des classes de création musicale de Gino Favotti ont composé des séquences électroniques originales à partir des fichiers de notation musicale.

Le travail des Ateliers d’Arts Plastiques

Plusieurs ateliers d’arts plastiques ont permis aux élèves, notamment ceux ayant suivi le stage avec l’Ensemble Intercontemporain, d’utiliser des méthodes de composition musicale pour produire des carnets de voyage graphiques au sein de la BnF, avec des méthodes et des contraintes similaires à celles que Messiaen emploie.

Le travail des classes de CE1 (avec le Conservatoire du 5ème arrondissement)

Après avoir reconnu dans le chant de la Rousserolle Verderolle, un langage constitué de ceux des autres oiseaux, les élèves de CE1 ont fabriqué, comme le décrit Messiaen dans le tome V de son « traité de rythme, de couleur et d’ornithologie », un « super oiseau » à partir des qualités abstraites repérées chez des oiseaux singuliers.

écoute et explications

fabrication d’un oiseau avec l’enseignant

Le travail avec les étudiants de l’université Paris Sciences et Lettres (professeurs : Fabrice Guédy, Atelier des Feuillantines, Jean Bresson, IRCAM)

Durant une semaine de cours à la fois théoriques et pratiques, un groupe d’étudiants de Master de l’université Paris Sciences et Lettres a procédé à des enregistrements d’oiseaux de mêmes espèces que celles notées par Messiaen, puis à l’aide d’outils de l’Ircam, ont procédé à leur retranscription musicale afin de les comparer avec l’écriture des carnets, et composer des fragments originaux. Certains seront joués ce soir.

Enregistrement d’un oiseau avec une ornithologue de la LPO

Étude de différents algorithmes de quantification rythmique et génération de la notation musicale pour les élèves de conservatoires – Avec Jean Bresson (Ircam)

Programme

FOYER – A partir de 17h

Exposition de travaux réalisés par les ateliers d’arts plastiques. Elèves de Caroline Delabie, Floriane Rigolot, Carla Guédy.

Compositions sonores créés par les élèves de Janson de Sailly et de Garcia Lorca, à partir de permutations symétriques effectuées sur des chants d’oiseaux enregistrés. Le désordre apparent des oiseaux est calculé à partir de six extraits sonores d’une, deux, trois, quatre, cinq et six secondes. (Séquences produites par les classes de mathématique et de musique)

AUDITORIUM – 18h

Séquences de musique électronique basées sur une sélection d’oiseaux notés par Messiaen – Classe d’électroacoustique CMA20 : Simon Pochet, et Atelier de création sonore 9-13 ans : Zoé Bougon, Juliette Gigot, Adèle le Poulennec, Luna Tissot-Vidal

Travail d’écriture électronique utilisant les fichiers midi produits dans le projet pour créer une séquence basée sur « le langage des oiseaux » d’Attar. Pour une meilleure compréhension, l’oiseau à l’origine d’une séquence sera entendu seul avant la diffusion de celle-ci.

Improvisations sur les carnets de Messiaen, avec l’outil « OMax » de l’IRCAM

Travail d’improvisation avec OMax, dispositif d’improvisation développé à l’IRCAM dans l’équipe de Gérard Assayag. L’algorithme analyse en permanence les improvisations des trompettistes sur les carnets de Messiaen, repère des aspects singuliers de leur improvisation, et improvise à son tour des propositions de « bifurcations », sous le contrôle d’une élève qui paramètre en quelque sorte la créativité de l’ordinateur.

« Le printemps » version entièrement jouée par les solistes de l’ensemble Intercontemporain

Création d’un quatuor pour bois composé par Fabrice Guédy, basé sur une extension des techniques de composition de Messiaen vers les sons multiphoniques. Il est structuré comme un écrin, ou un arbre, dont les branches accueillent 4 oiseaux qui prennent leur envol dans quatre cadences pour chaque instrument qui ponctuent l’œuvre, employant des recombinaisons des carnets. L’œuvre est jouée deux fois : la seconde, se sont les élèves des conservatoires parisiens qui vont jouer ces cadences sous la forme de 4 envols travaillés lors d’un stage avec les musiciens de l’Ensemble Intercontemporain.

« Le printemps » version avec des parties solistes remplacées par les élèves

Durant la restitution, les images projetées utilisent des photographies d’éléments du projet, ou de moments pris sur le vif.

Les oiseaux de la volière :

Bois :

Chloé Auvray, Paul Bacon, Victor Bouvry, David Chio, Méline Le Calvez, Nina Dequiré, Ulysse Dubreuil, Jeanne Doisneau, Joséphine Dung, Eitan Goltman, Roxana Hénon, Maële Henry, Aurore Jouannique, Jeanne Lavalle, Maïalen Labarthe-Sigismeau, Henriette Magnant, Yan Maratka, Maël Metzger, Bérénice Musso, Hugo Pelat, Tilaï Ravut, Athos Salomez, Lucie Vigier, Yi-Fan Wang, Nael Zahir

Trompettes : Jonas Mittelstaedt, Jamayê Viveiros – Pilotage des outils IRCAM : Luna Tissot